Saisie immobilière : comprendre la procédure et sauver son bien
29 octobre 2025
risques-illustration

Comprendre la saisie immobilière et y faire face

La saisie immobilière est une procédure juridique qui peut être lourde de conséquences. Elle est initiée par un créancier qui cherche à obtenir le paiement d’une dette. Ce processus peut aboutir à la vente forcée de l’immeuble de la personne saisie. De nombreux motifs peuvent déclencher une procédure de saisie.

Il est essentiel de connaître ses droits, les délais légaux et les recours possibles. Ce guide décrypte chaque étape de cette procédure, du commandement de payer valant saisie jusqu’à l’adjudication finale, en présentant les solutions possibles.

Définition et cadre légal

Comme cité par notaires.fr, un immeuble est un bien immobilier qui ne peut pas être déplacé (maison, appartement, copropriété, terrain…). À l’inverse, les meubles (le mobilier, les biens électroniques, etc.) peuvent être déplacés.

Qu’est-ce qu’une saisie immobilière et qui peut la demander ?

La saisie immobilière, c’est la voie par laquelle un créancier peut obtenir la vente d’un bien afin de se faire rembourser la somme due. Cette procédure est mise en œuvre lorsque le créancier dispose d’un titre exécutoire (jugement ou acte notarié). L’immeuble est l’objet de cette exécution.

Les acteurs clés :

  • Le créancier poursuivant : La partie qui initie l’action contre le débiteur.
  • Le débiteur saisi : Le propriétaire de l’immeuble.
  • Le juge de l’exécution : Le juge du Tribunal judiciaire qui supervise les opérations.

Effet d’une saisie immobilière

L’effet principal du commandement de payer est de « geler » cet immeuble. Le bien est rendu  « indisponible » : cela empêche légalement le débiteur de le vendre de son propre chef, de le donner à un proche, ou de l’utiliser comme garantie pour un nouveau prêt (comme une nouvelle hypothèque). Le bien est mis sous contrôle de la justice. Pour mieux comprendre les raisons qui peuvent conduire à cette situationun article détaillé explique les principaux motifs pouvant déclencher cette procédure.

procédure de saisie immobilière schéma

Les étapes d’une saisie immobilière

La mise en demeure

C’est l’acte par lequel tout commence. La mise en demeure est la lettre envoyée par le créancier, signifiant officiellement au débiteur, son intention d’entamer une action en justice pour récupérer les sommes dues. Elle sert de dernier rappel avant le lancement de la procédure judiciaire, offrant ainsi au débiteur une ultime chance de s’acquitter de sa dette ou de trouver une solution à l’amiable. Le débiteur dispose donc d’un dernier délai avant le remboursement total de la somme.

Déchéance du terme

Cette étape indique que le débiteur a perdu le bénéfice du terme. C’est-à-dire qu’il est désormais tenu de rembourser l’intégralité de la somme due, et non plus seulement les échéances impayées. Cette mesure, drastique, intervient après des manquements répétés du débiteur et signale l’aggravation de la situation. Le montant total des dettes doit être remboursé dans un délai précis sous peine d’entamer une procédure judiciaire.

 

Commandement de payer

Le commandement de payer est en réalité une injonction formelle envoyée par le créancier. Ce dernier exige alors du débiteur, le règlement intégral de la dette sous peine de saisie. Ainsi, le débiteur dispose d’un délai de 8 jours pour régler sa dette. Cet acte officiel est délivré par un huissier avant l’engagement de la procédure judiciaire.

Assignation à l’audience d’orientation

Si après le commandement de payer, le débiteur n’a toujours pas régularisé sa situation, il est alors convoqué devant le juge via une assignation à l’audience d’orientation. Cette convocation offre au débiteur, la possibilité de présenter sa défense et d’exposer les raisons de ses défaillances. Dans ce cas, il est en mesure de contacter un avocat afin d’obtenir de l’aide dans sa démarche et d’améliorer sa représentation devant le juge de l’exécution. 

Audience d’orientation

Moment décisif, cette audience permet au juge d’évaluer la situation. Il oriente la suite de la procédure selon deux cas distincts : vente amiable ou vente forcée.

La vente amiable

Si les parties s’accordent, une vente à l’amiable peut être engagée. Le bien est alors vendu de manière traditionnelle, mais le prix de vente est utilisé pour rembourser le créancier. Le débiteur doit lui-même effectuer les démarches pour la vente de son bien, en prenant en compte le prix minimum fixé par le juge.  

La vente forcée

Si aucune solution amiable n’est trouvée et que le juge l’ordonne, le bien est mis en vente aux enchères. Cette étape signifie que le débiteur perd définitivement son bien au profit du plus offrant. On appelle également cette dernière la vente par adjudication.  

Processus long qui intègre de nombreuses étapes, la procédure de saisie immobilière intervient uniquement en derniers recours, lorsque toutes les tentatives de conciliation entre le débiteur et le créancier échouent. Si elle se termine souvent par la vente du bien immobilier, rappelons toutefois, que cette procédure ouvre la voie à de nombreuses opportunités de résolution à l’amiable. Il est possible d’éviter la saisie immobilière avec des solutions complémentaires.

Vos droits et les recours possibles

La personne saisie conserve des droits et dispose de recours dans cette procédure.

Les droits fondamentaux

Même si la procédure est engagée, le débiteur n’est pas démuni et conserve des droits essentiels :

  • Le droit à un avocat : Le débiteur a le droit d’être assisté par un avocat dès le début. Si ses revenus sont insuffisants, il peut demander l’aide juridictionnelle.
  • Le droit de rester dans le bien : Le débiteur conserve le droit d’occuper l’immeuble avec sa famille jusqu’à l’adjudication (la vente finale), sauf décision contraire du juge (par exemple, s’il empêche les visites).
  • Le droit de contester la mise à prix : Si le débiteur estime que le prix de départ fixé par le créancier est trop bas et ne reflète pas la valeur de l’immeuble, il a le droit de le contester devant le juge.
  • Le droit au surplus : Si le prix de la vente (l’adjudication) est supérieur au total des dettes dues aux créanciers, le débiteur a le droit de percevoir la différence (le solde).
  • Règles pour la copropriété : Si le bien est en copropriété, des règles spécifiques s’appliquent aux copropriétaires et à la relation avec le syndic.

Les moyens de contestation

La contestation se fait via des incidents devant le juge. Ces recours peuvent porter sur la validité de l’acte de commandement. Le débiteur doit faire valoir ses droits face au créancier poursuivant après la décision de justice.

Solutions alternatives : La vente amiable et la vente à réméré

1. La vente amiable autorisée par le juge

Le débiteur doit demander l’autorisation de la vente amiable au juge de l’exécution, au plus tard lors de l’audience d’orientation. Si le juge l’accorde, il fixe un prix minimum (en dessous duquel le bien ne peut être vendu) et un délai pour réaliser la vente. Le débiteur garde ainsi la maîtrise de la vente.

2. La vente à réméré

Si la vente amiable classique n’est pas possible (par exemple, si les délais sont trop courts), la vente à réméré (articles 1659 et suivants du Code civil) est une autre solution pour stopper net la procédure.

  • Le principe : Le débiteur vend son immeuble à un investisseur. Avec l’argent de cette vente, il rembourse immédiatement le créancier poursuivant et stoppe la saisie.
  • La faculté de rachat : Le débiteur signe un acte notarié qui lui donne le droit exclusif de racheter son bien à un prix fixé d’avance, pendant un délai convenu (maximum 5 ans).
  • L’occupation : Pendant cette période, le débiteur reste dans son logement en versant une indemnité d’occupation à l’investisseur. C’est une solution efficace pour solder la dette sans perdre définitivement son bien.

La saisie immobilière est une procédure complexe aux conséquences lourdes pour le propriétaire. Il est crucial d’agir rapidement dès les premiers signes de difficultés financières en explorant les alternatives disponibles, telles que la vente à réméré, la négociation avec les créanciers ou le recours à un avocat spécialisé. En prenant les mesures appropriées, il est possible de préserver son patrimoine immobilier et de surmonter les obstacles financiers.​

À lire : Le guide ultime du recouvrement de créances

 

FAQ – Réponses aux questions fréquentes

Combien de temps dure la procédure de saisie ?

La procédure complète, du commandement de payer jusqu’à la vente effective, dure généralement entre 6 à 12 mois. Elle peut atteindre 2 ans selon la complexité ou les recours engagés.

L'assistance d'un avocat est-elle obligatoire ?

Oui, l’assistance d’un avocat spécialisé est obligatoire pour vous représenter. Il est essentiel pour vous défendre lors de l’audience d’orientation.

Où trouver de l'aide ou des informations sur mes droits ?

Vous pouvez consulter les Centres d’accès au droit pour une aide gratuite. Vos droits sont définis par les articles du Code des procédures civiles d’exécution, qui est la source principale du droit en la matière.

À propos de l’auteur

Fiona Calem possède une expertise approfondie de la juridiction relative aux opérations immobilières, acquise depuis 2019. Sa connaissance fine des aspects juridiques et réglementaires lui permet de collaborarer efficacement avec des investisseurs et notaires.